Quand nos allié·es n’en sont pas toujours : le médecin

Aujourd’hui 25 novembre, au journal TV, on parlera en long et en large des violences faites aux femmes. On parlera sans doute des féminicides. Cette année, depuis janvier, il y en a eu au moins 21 en Belgique. La plus jeune victime recensée sur le blog Stop Féminicide, Typhaine, 17 ans, a été poignardée par son père en septembre. A l’exception d’une seule autre, toutes les victimes cette année ont été assassinées par un partenaire ou un ex.

Malgré les campagnes de prévention et de sensibilisation, malgré le 25 novembre, la méconnaissance des mécanismes qui sous-tendent les violences conjugales est une évidence pour une grande partie de la population. L’incompréhension reste grande pour beaucoup. Mais peut-être plus grave encore que l’incompréhension, que dire de l’indifférence des uns face à la vulnérabilité des autres ?

Quand cette méconnaissance et cette indifférence sont partagées par des professionnel·les que nous pensons nos allié·es, notre colère est grande.

Cette semaine, dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, nous inaugurons une nouvelle rubrique constituée d’anecdotes de notre quotidien qui témoignent de l’immense nécessité de continuer à sensibiliser et former les professionnel·les à la problématique des violences conjugales et intrafamiliales.

1. Le médecin

Il y a quelques semaines, nous avons dû, en urgence et face à un risque élevé d’agression et d’enlèvement, demander la collaboration d’un médecin traitant d’une commune limitrophe. Il s’agissait seulement de mettre en sécurité deux personnes dont une mineure dans son cabinet et de les faire évacuer discrètement par une sortie secondaire où nous les aurions attendues, parallèlement à l’intervention de la police.

Ce médecin nous a opposé une grande résistance, refusant dans un premier temps de nous écouter sous prétexte qu’il était en consultation ONE. Une fois arrivé à son cabinet, face aux deux personnes en danger, il a refusé de leur donner la priorité sur les autres patients. Quand la police est arrivée pour éloigner l’individu dangereux, un peu d’agitation était palpable dans le cabinet. Irrité, le soignant aura juste ces mots en parlant de nous, soit deux professionnelles et deux victimes de violences conjugales : « Dégagez-moi tout ça. »

Nous avons toujours considéré les professionnel·les  de la santé comme des allié·es dans la protection des victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Ils et elles sont d’ailleurs nombreux et nombreuses à composer le 0800 30 030 pour savoir, concrètement, comment aider des patientes en détresse.

Celles et ceux qui refusent cette alliance devraient relire le serment d’Hippocrate : « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. » Et s’inscrire, sans plus attendre, aux formations à destination des professionnel·les  que nous donnons dans le cadre du Pôle de ressources en violences conjugales et intrafamiliales.