Pourquoi Solidarité Femmes soutient la mobilisation du 7 novembre pour le non-marchand

Parce que nous souhaitons des garanties pour l’avenir de notre secteur en général et de notre ASBL en particulier et nous demandons un soutien accru des pouvoirs publics

En 2023, nous avons hébergé 39 femmes et 40 enfants dans notre refuge spécialisé à l’adresse secrète. Mais toutes les semaines, malheureusement, nous sommes contraintes de refuser des demandes d’hébergement par manque de places.

Le secteur, dans son ensemble, a besoin de garanties pour l’avenir et d’un soutien majeur, afin de pouvoir répondre à ces demandes restées sans suite. Nous ne pouvons accepter que certaines femmes, au moment courageux de prendre la décision de partir, doivent se résoudre à rester auprès de leur agresseur par manque de places dans les maisons d’hébergement.

Le service ambulatoire de Solidarité Femmes qui s’adresse aux femmes en demande d’informations sociales ou juridiques et/ou d’un accompagnement thérapeutique, tout comme la gestion de la ligne d’écoute et les formations aux professionnel.les que nous assurons dans le cadre du Pôle de ressources en violences conjugales et intrafamiliales avec Praxis, le CVFE et le CPVCF, sont eux aussi tributaires des financements publics. Ces différents services doivent non seulement être garantis dans la durée mais, idéalement, développés et étendus afin de pouvoir aider plus de femmes et d’enfants et de former plus de professionnel.les. La ligne d’écoute, en particulier, est souvent la première étape d’un long parcours pour s’extraire de la violence. Parler, c’est faire sauter un premier verrou.

Nos activités de prévention, de sensibilisation et d’information et notamment celles qui relèvent de l’éducation permanente revêtent une importance fondamentale dans une société où les violences conjugales sont susceptibles de concerner tous les couples, du plus jeune au plus âgé. Les nouvelles technologies, pour citer une de nos sources d’inquiétude parmi les plus actuelles, ont multiplié les possibilités de contrôler, harceler, humilier, faire chanter sa partenaire ou son ex. Les ASBL comme les nôtres abattent un travail colossal pour informer et sensibiliser le grand public et les professionnel.les.

Dans notre travail d’éducation permanente, nous ne nous limitons pas toutefois à un travail de prévention, d’information et de sensibilisation. Nous nous employons à former des Citoyennes Responsables, Actives, Critiques et Solidaires. Nous accompagnons les survivantes dans leur reconstruction en favorisant leur autonomie et en renforçant leurs capacités. Nous les aidons à construire ou reconstruire tout ce que leur ex partenaire a tenté d’empêcher ou d’anéantir, quand quelque chose était déjà présent avant. Pour toutes les femmes, nous proposons des activités qui les amènent à une réflexion non seulement féministe, mais aussi écologique, citoyenne et solidaire – au sens large du terme. Toutes ces activités ne servent pas seulement à enrichir des connaissances et à élargir des compétences, elles ont aussi pour objectif de briser l’isolement et de permettre une réelle insertion sociale, active et consciente. Ce travail de longue haleine mérite d’être soutenu et renforcé par des pouvoirs publics qui entendent mettre les citoyens – hommes ET femmes – au centre de leurs préoccupations.

Parce que notre personnel a lui aussi besoin de soutien, de garanties, voire de renfort

Notre personnel est sujet à risque de traumatisme vicariant : l’exposition prolongée aux récits de violences peut avoir pour conséquences une désensibilisation, l’émergence de troubles physiques et psychiques, de l’épuisement, de l’anxiété et des arrêts de travail.

Une revalorisation des emplois du non-marchand est plus que nécessaire, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail.

L’Etat doit investir sur l’emploi dans le non-marchand : permettre aux ASBL de pouvoir compter sur des effectifs suffisants, permettre aux travailleuses et travailleurs d’exercer dans un confort qui n’est pas un luxe. La charge de travail, grandissante, doit pouvoir reposer sur des équipes solides et étoffées, qui bénéficient de perspectives sur le long terme mais aussi de la possibilité de se former ou de se reposer sans pour autant mettre en difficulté des collègues trop peu nombreux ou affaiblis par une pratique épuisante.

Pour ces différentes raisons, l’ASBL Solidarité Femmes soutient la mobilisation organisée par les syndicats en front commun et espère que cet appel à l’aide collectif sera entendu par notre Ministre de tutelle, Monsieur Coppieters.